Recoller les morceaux

C’était à l’été 2005 J’avais  à peu près 25 ans. Une belle journée seule passée à la plage Jean Drapeau. Je rencontre un couple plutôt gentil dont le mec est dans un groupe assez connu au Québec, qui était avec un ami que je trouvais un peu mignon mais sans plus. La journée passe, on boit un peu, on échange et ils m’invitent à un BBQ chez leur ami qui était avec eux. Il devait être plus ou moins 17 h. J’accepte sans trop être méfiante comme ils étaient tous plutôt gentils… Arrivés là-bas on continue de boire et tombe vite sur le fort. Malheureusement, j’étais déjà un peu pompette. Je ne me souviens ensuite à peu près plus de rien, ne serait ce que des gros flashs qui me reviennent encore parfois! J’ai donc perdu la carte pendant plusieurs heures sans savoir s’ils ont mis du GHB dans mon Amaretto ou si l’alcool m’a fait avoir un blank. Quand je reviens un peu à moi autour de minuit. Ils m’ont fichu a la porte de l’appartement sans ma sacoche, donc argent et tout. Surtout sans bas de bikini ou sous-vêtements sous ma robe très très courte. Je frappe donc sans cesse à la porte de l’appartement afin de récupérer mes affaires. Au lieu de me répondre ils ont appelé la police pis on vient m’embarquer…! Imaginez la scène. Je n’ai rien dit aux agents comme ils me prenaient pour une folle hystérique. Je leur explique par contre que je n’ai plus de bas sous ma robe très courte et aucune de mes cartes et trucs comme ils sont restés à l’intérieur… Les agents se sont foutus de ce que je leur ai raconté et ils me laissent seule dans la rue sans mes trucs ni bas. Je réussis enfin à m’en retourner à l’appartement afin de récupérer mes effets personnels pour pouvoir revenir chez moi au moins, sans trop savoir ce qui m’était vraiment arrivé. Ils ne veulent pas me répondre donc je décide moi même de rappeler la police expliquant que les agents la première fois m’ont traitée en femme hystérique, sans même s’apercevoir de la gravité de la situation, et remise ensuite à la rue en petite tenue dans l’est de la ville. Malheureusement pour moi les mêmes flics reviennent encore! Cette fois-ci ils sont en furie contre moi qui a rappelé expliquant qu’on m’avait laissée en détresse, sans pièces d’identité ou culottes, dans la rue à plus de minuit dans l’est de la ville. Ils récupèrent donc mes choses et vont me porter près du métro Joliette, seule, sans même s’assurer que je sois ok. Juste au coté de gangs de jeunes sur le party d’ailleurs… Heureusement pour moi un homme a passé par là me voyant en détresse, m’a amené chez lui afin de me venir en aide et surtout attendre le prochain métro à 6 h du matin… Plus la nuit passait, plus des flash me revenaient sans cesse… J’appelle d’ailleurs un des membres du même groupe que je connaissais d’Internet, sans plus, afin de lui raconter que ses copains m’ont violée, je crois, et celui-ci me dit en riant : « Arrête donc, tu le voulais… Tu ne cessais de me dire que « X” avait un gros pénis…» Je remarque des marques à mes poignets et surtout plusieurs de mes faux ongles que j’ai perdus sans doute en luttant… À 6 h, je retourne a la maison, saute dans la douche, et je suis restée pendant des heures essayant de me dégriser et de comprendre ce qui s’était vraiment passé. Plus tard le matin, je communique avec une amie, lui racontant que je me suis fait violer, agresser et tout… Alors elle décide qu’elle veut venir voir avec moi l’ami du couple, afin de lui dire que je vais porter plainte contre lui. J’étais pas sûre d’être capable de le confronter, ne pouvant dire réellement ce qui s’est passé ce soir-là! Quand on arrive là-bas, le mec nous rit en pleine face, et c’est à ce moment que je vois toute mes traces d’ongles sur ses bras et même quelques-unes au visage. Il dit simplement que j’voulais ça sauvage. J’en ai assez entendu, je demande à ma copine de m’amener à l’hôpital, que je vais porter plainte même si j’ai pris ma douche et que plusieurs heures ont passé depuis… J’ai donc fait tous les examens pour ensuite déposer une plainte. On m’avise par contre que n’ayant aucun souvenir de l’agression, ils risquent de ne pouvoir pas faire grand-chose… Un policier m’offre de me ramener à la maison, comme j’étais plutôt démolie, mais j’avais encore peur de tomber sur des idiots comme la veille qui, en plus de ne pas m’écouter ni me protéger, ont directement mis ma vie en danger! Quelques jours plus tard, l’enquêteur me téléphone afin de me dire que comme j’ai pas de souvenir et suis allée à l’hôpital longtemps après, les preuves étaient insuffisantes pour aller plus loin… J’ai mis beaucoup de temps à pouvoir me laisser simplement retoucher par un homme disons… En 2012, durant une manifestation, j’ai revu un des agresseurs, celui qui était en couple… Et même plusieurs années plus tard, c’est comme si mon coeur allait fendre de revivre tout cela à nouveau, ce sentiment-là. Je ne me sens pas indestructible tout à fait car je porte encore en moi les blessures d’une agression dont je ne me souviens pas complètement, et qui a à tout jamais changé ma vie… Recoller les morceaux. 6 novembre 2014viol-aide

Laisser un commentaire